Symbole_Vivant

La vie du symbole dans la consultation d'Astrologie Structurale

Louise AUBERT

 

 Écrire ce texte fut un parcours initiatique, quasi mystique.

Écrire la façon dont j’utilise le symbole en Astrologie s’est fait d’un jet. Il suffisait que je me branche sur mon émotionnel pour sentir, il "ne restait qu’à" trouver les mots pour tenter de faire ressentir....

Structurer cet écrit fut plus compliqué. J’ai trouvé un auteur virtuose de la structuration et un plan simple et efficace :

Le plan :

Définition du symbole

Sa place dans la psyché humaine

Son rôle culturel et social

Son rôle en Astrologie

L'auteur en question : Raymond Abellio (tout un symbole)

Georges Raymond Alexis Soulès dit Abellio, naît le 11 novembre 1907 dans une famille très modeste du faubourg des Minimes de Toulouse. Ses parents, Albert, employé d’épicerie, et Maria Abély, sont tous deux originaires de la haute montagne de l’ancien comté de Foix (Ariège), en vieux pays cathare.

Quand on sait cela on comprend mieux pourquoi Georges Soulès a décidé de s’appeler Raymond Abellio.

La plupart des Dieux pyrénéens, et ils sont nombreux, ont des noms d'origine pré-indo-européenne remontant ainsi au plus profond du néolithique, bien avant l'arrivée des Indo-Européens.

Mais le Dieu Abellio est justement une exception. Il est clairement d'origine indo-européenne avec de très fortes influences celtes. L'étymologie de son nom est directement liée aux Dieux Apollon et Bélénos. Ces Dieux grec et gaulois possèdent dans leur archétype les mêmes fonctions que le Dieu pyrénéen Abellio, dieu solaire qui apporte la lumière et la vie. Il accompagne les rythmes cycliques de l'année solaire.

Une variante de l'étymologie du nom d'Abellio serait celle qui le relie à un autre mythe indo-européen: celui du jardin des Hespérides ou de la Déesse germanique Idun. Son nom serait en effet issu de la racine celte avallo ou du terme gaulois aballo qui se traduit par pomme ou pommier. Cette variante étymologique relie encore une fois le Dieu Abellio au Dieu gaulois Bélénos et au Dieu grec Apollon. On y retrouve aussi certains aspects de l'archétype du Dieu germanique Balder

L'aspect solaire d'Abellio est ainsi, encore une fois confirmé.

Et le voilà bien placé dans ma liste des auteurs qui vont pouvoir me parler du symbole.

J’étais bien contente, le travail avançait.

Là où ça c’est compliqué c’est qu’il a fallu définir le mot symbole, c’est-à-dire utiliser des signes abstraits destinés à désigner ce qui est connu pour définir ce qui est utilisé pour exprimer l’inconnaissable…….

Ça commençait mal….

Alors, j’ai regroupé tout ce que les auteurs qui nous ont abreuvés de leur savoir pouvaient dire concernant ce mot symbole et je me suis vite rendue compte que je ne pouvais donner une définition satisfaisante du mot sans parler de son utilisation. Et que quand j’aurai fait le tour de l’un, l’autre sera explicité.

Le symbole est multivalent, il convient donc de définir le champ d’application dans lequel nous allons en parler. Abellio explique (p 151, Manifeste de la nouvelle Gnose ) qu’un symbole est inséparable du champ associatif qui permet d’en fixer le niveau d’interprétation, ici, c’est l’Astrologie. Ouf….. Une piste de travail…

Et ça tombe bien, c’est le sujet de ce travail. Je suis sur la bonne voie !!!!

DONC ce que je sais :

Le symbole est un signe, une image, qui évoque un concept avec cette particularité qu’il est chargé énergétiquement.

Il peut prendre différentes significations en fonction du contexte dans lequel il est évoqué.

On ne peut parler de symbole sans parler d’archétype et de mythe.


Alors, à quoi sert le symbole en Astrologie ?

Le thème astral est organisé en symboles dont le décryptage par l’Astrologue doit proposer au client une vision nouvelle de son monde.

Le symbole est « l’épiphanie d’un mystère » pour Gilbert Durand et c’est là, la clé de notre travail d’Astrologue : montrer le mystère, le dévoiler pour mettre à disposition du consultant, le sens, l'essence de son questionnement..

L’Astrologue doit mettre en mot, les images symboles qu’il a sous les yeux lors de la lecture d’un thème. Il tente ainsi de rendre la signifiance d’une image, qui évoque l’inconnaissable, que seule l’énergie psychique peut aborder, à travers l’utilisation de signes arbitraires et insignifiants mais forts en signifiés (les mots). Belle gageure….

Le signifiant du langage, ici est à mettre au rang du symbole, il sera le véhicule utilisé par le psychisme de l'Astrologue pour transmettre le message "épiphanien".

Si, comme dit Durand, il existe une étroite relation entre les gestes du corps, les centres nerveux et les représentations symboliques, le symbole, en retour est capable de déclencher un processus énergétique et émotionnel qui passera par le corps.

Mais attention, avec Bachelard gardons à l’esprit que « les symboles ne doivent pas être jugés au point de vue de la forme… mais de leur force ». 

L’Astrologie qui resterait descriptive, utilisant les symboles comme des images conscientisées, au mieux raterait son propos. Au pire, elle aurait pour effet de mettre en contact le consultant avec des angoisses primordiales tapies au fond de son inconscient et dont la survenue brutale pourrait être ravageuse, car un mystère ne peut être révélé à celui qui n’est pas initié.

C’est en partie de cela dont souffre l’Astrologie et c’est ce qu’exprime Carlo Suarès en 1962. Il s’indigne du scandale de la conscience humaine qu’est devenu le symbolisme à partir du moment où, ayant découvert l’inconscient collectif, on a accepté les symboles comme des états de perception susceptibles de nous indiquer des voies vers des régions plus exaltées. Par cette fonction, dit-il, " on s’est proposé de découvrir l’au-delà dans la direction de l’en-deçà".

Abellio lui emboîte le pas et après avoir fait le tour des penseurs de sa génération qui ont discouru sur le symbole, il en conclu qu’effectivement un symbole doit être vivant pour jouer son rôle de catalyseur énergétique et que la Structure Absolue est capable de le démontrer. Et d’un coup de manivelle magique, il démarre la Structure Absolue qui se met à fonctionner sous nos yeux ébahis.

Toute science est basée sur la logique déductive et Abellio, grand pourfendeur de ce carcan quasi binaire, ne peut, malgré tout, échapper à la nécessité, pour le penseur, d’étayer solidement son propos. Il démontre donc avec des arguments et un vocabulaire apodictiques (qui présente un caractère d'universalité et de nécessité absolue), mais une syntaxe éprouvante…, comment le ressenti, mis en perspective de l’observation détachée des faits au cours d’une préalable épochè, va, par une réduction phénoménologique eidétique, mener à l’épanouissement énergétique du symbole. Mettant en contact alors l’au-delà et l’en-deçà dans une vision fulgurante du « présent vivant » « à ce point de fusion transcommunielle où la mise entre parenthèses du moi transcendantal est à son tour inséparable de la transfiguration de ce monde même ». (Oui, ça c'est Abellio…..)

En d’autres termes, quand les deux hémisphères cérébraux entrent en coopération et que le ressenti s’allie à l’observation objective, alors s’opère le mariage alchimique de la Lune et du Soleil et l’Astrologue entre en contact par le symbole vivant avec le ressenti d'un client qui a toutes les chances de voir sa vie transfigurée. OUF !!!!! Transfigurant par rebond le monde auquel nous appartenons.. ReOUF !!!!!


Mais, qu’est-ce qu’un symbole vivant ?

Pour Jung le symbole est une représentation complexe dans laquelle se relient conscient et inconscient et qui est « l’expression la meilleure possible pour quelque chose d’inconnaissable ou qui n’est pas encore connaissable »

Ce rapport essentiel à l’inconnu différencie le symbole du signe qui est la représentation de quelque chose de déjà connu. Alors que le signe est une évidence qui peut être comprise par la raison, le symbole demeure mystérieux et c’est l’intuition ou la poésie qui en sont le chemin. À ce titre, il peut être un médiateur entre le conscient et l’inconscient.

Le symbole est une fraction (séparation d'un tesson de poterie). Là où il y a fraction, il y a fracture. Il est la représentation d’une division qu'il faudra réunifier pour en comprendre le sens. La fraction est le représentant de la division.

Le symbole nous parle parce que nous sommes divisés. Notre conscience est née de cette division même et ne peut se représenter de quoi elle est issue. De la même manière que nous ne pouvons nous représenter notre naissance.

La vertu du symbole, par la barre de fraction (terme intéressant) qui est constitutive du symbole, c’est de nous donner à savoir qu’il existe quelque chose que l’on ne sait pas et que l’on ne saura jamais . C’est pourquoi il symbolise l’ailleurs. Il nous dit que le monde nous échappe et que c’est parce que le monde nous échappe qu’il est constitué de deux parties, le conscient et l’inconscient.

Lacan nous apprend bellement que l’inconscient est une conséquence du langage. Le premier langage a été un langage d’images (les fresques des parois des grottes). L’image est une re-présentation, c’est l’évocation d’une présence passée et perdue. Pour maintenir cette présence je fabrique une représentation.

Le symbole étant une fraction, nous fait savoir, avec sa barre, que ce qu’on sait n’est pas le réel qui nous échappe. Un des fondements du symbole, c’est l’image, l’imaginaire (le contenu et le contenant des images). Il n’est pas question d’images visuelles, mais d’images sensorielles. Les images visuelles ne sont qu’une toute petite partie de l’imaginaire.

Notre conscience a commencé à se construire avec des images, mais l’image est déjà présymbolique, puisque qu’elle fait que ce qui était perdu ne l’est plus. Une image est toujours une représentation du passé. C’est la re-présentation d’une présence.

La première étape de la constitution de la conscience c’est l’imaginaire, le régime nocturne du symbole. C’est l’étape lunaire, émotionnelle.

Dans notre monde civilisé, nous avons dépouillé tant d’idées de leur énergie affective qu’elles ne provoquent plus en nous de réaction dit Jung (p 49, Essai d’exploration de l’inconscient).

Tableau du peintre Suisse Jacoby


Sur cette route européenne, un panneau ordinaire signale « Attention passage d’animaux ».

Ce qui est devenu banal était certainement sujet à déclencher l’imaginaire des premiers automobilistes. Aujourd’hui, il n’a plus aucune charge affective et ne fait plus rêver personne, il est devenu un signe, ce n’est plus un symbole.


Le symbole ne peut vivre si l’émotion est absente de notre perception. L’amour a disparu de nos sociétés civilisées où tout est banalisé, usé, élimé. L’image de la Grande Mère imposait le respect et la crainte, mais on était assuré de son amour. Aujourd’hui l’image de Dieu ne déclenche, le plus souvent, ni crainte, ni respect. Quant à l'assurance de son amour………


Rudolf Bultmann, un des fondateurs de la « théologie dialectique » du début du 20° siècle, nous instruit de la portée du mythe et de sa valeur émotionnelle. C’est un contemporain et ami de Martin Heidegger, c'est un théologien, il a donc travaillé sur le mythe chrétien.

 Il parle de  démythologisation , c'est-à-dire l’interprétation du mythe pour en saisir l’intention première, profonde, en lien avec la vision culturelle du monde dans lequel il a été créé. Démythologiser, c’est dérationaliser en même temps que désacraliser, c'est retrouver cette foi originelle qui correspond à l’intention du mythe. Il y a là une exigeante entreprise d’interprétation.

 Il fustige ainsi la  démythisation  à l’œuvre dans notre société qui consiste à rationaliser et enlever des mythes tout ce qui est contraire à l'intelligence et pourfend notre raison. 

Il insiste sur le fait que démythologiser renforce la foi en ne transmettant pas des vérités objectives et permettant ainsi de mettre le lecteur face à des affirmations existentielles.

Il s'agit de lire les textes religieux tout entiers sans en rien retrancher en considérant non pas seulement ce que le texte dit, mais bien ce qu’il veut dire et nous dire en nous interpellant. La réponse ne peut être alors qu’une « décision de la foi ». Une lecture démythologisante est ce que Bultmann appelle une lecture « existentiale » ; elle peut alors conduire dans ma vie à une décision d’ordre "existentiel".

Le mythe de Jésus n'est alors plus à contester ni à prouver, il est un véhicule de la foi qui permet la rencontre existentielle avec soi-même que la vérité objective ne permet pas. 


C’est là une explication claire de l’aspect vivant du mythe et donc du symbole qui est lié à la foi , c'est à dire, à la charge émotionnelle dont il est porteur. Cette charge émotionnelle ne peut se déployer que si celui qui en parle et celui qui reçoit le message sont en empathie, que si tout n’est pas dit et explicité, qu’il reste encore du possible (C’est l’attitude de non-savoir de Jung face à son client, l’épochè avant la lettre).


Carlo Suarès dans "Krishnamurti et l'Unité humaine" dit : Nos émotions, nos sentiments, nos sensations, nos perceptions, nos rêves, nos symboles vécus et tout ce que contiennent le subconscient et l'inconscient, sont plus authentiquement notre substance que te maniement d'idées et de concepts - ou d'opinions - qu'il nous plaît en général d'appeler pensée. Krishnamurti, en fonction de la connaissance de soi, nous mène dans une zone où, ayant abandonné les mots, la pensée devient silence.


Et comment ça match (ou marche) dans la consultation ?


La consultation astrologique se déroulant à partir du moment où l’espace transitionnel est créé, est une sorte de voyage hypnotique à travers l’inconscient du client, dont les symboles jalonnent le parcours. En ce sens il s’agit d’une sorte de rêve dont l’analyse est la clé pour le client mais aussi pour l’Astrologue qui trouve toujours là une réponse à lui-même.


Les symboles, quels qu’ils soient, font toujours référence à un moment de l’humanité où la conscience était « communautaire ». En gagnant son libre arbitre, l’homme a perdu le contact avec le pouvoir numineux dont ils étaient investis.

La conscience individuelle qui s’est construite sur les ruines de cette conscience collective ne connait pas « le goût » numineux de ces symboles, il est à retrouver dans l’inconscient de chacun, trace psycho-phylo-génétique de l’humanité transmise par notre lignée familiale et la société.


C’est là le rôle du symbole : nous mettre en contact avec ce passé de l’humanité, notre passé inconscient. Une recherche dans notre inconscient nous donne accès à cette psyché primitive décrite par Jung et dans laquelle se trouve à disposition tout ce dont nous avons besoins pour embrasser l’humain et l’humanité toute entière.

Point besoin de lire, de chercher ailleurs ……… Tout est là !!!!!

Encore faut-il y avoir accès et pour cela, il faudra tel Saint Michel, Saint George et autres Saints patriarcaux, partir à l’assaut du Dragon et le reconnaître comme l’origine de notre monde plutôt que de le terrasser. Il détient la clé de ce trésor de connaissance qui dort en nous et dans lequel l’Astrologue n’a qu’à se servir pour remplir sa mission d’allumeur de réverbère.


La lecture des symboles d’un thème est à interpréter de façon particulière pour chaque individu.

Chacun représentant une part d’humanité, l’ensemble des symboles du thème joue la même partition. Mais pour chacun, l’organisation, l’articulation des symboles entre eux est différente et vient temporiser ou augmenter l’incidence de tel ou tel sur la psyché de celui qui est en face. L’ensemble jouant et rejouant à l’infini une symphonie mythologique toujours différente qui raconte à sa manière la naissance de chacun à travers le mythe de la création du monde.


Le symbole-image met donc notre inconscient en route. Il nous renvoie à un mode de perception très archaïque dont notre paléo psyché garde l’empreinte et qui est prêt à tout moment à ressurgir se libérant alors du carcan appauvrissant dans lequel l’a enfermé notre société du contrôle mental logique et raisonnable.


La connexion avec l’inconscient de l’autre à travers l’espace transitionnel peut alors se mettre en place et il peut s’établir un langage commun basé sur des images et non plus des mots. L’inconscient de l’autre est alors prêt à recevoir le message.


Absolument structuré


Lacan divise la psyché humaine en trois instances : réelle imaginaire et symbolique.

Abellio ajoute une 4° dimension et nous propose un modèle de pensée quaternaire qui image ce rôle du symbole.


La Structure Absolue est composée à la base de 4 directions sur l’équateur d’un cercle : l’objet, le monde duquel il se détache, la perception que j’en ai dans mon corps et l’outil corporel par lequel me vient cette perception (œil, main, oreille, etc…)


Rester dans un mode de relation binaire c’est tirer une conclusion juste mais incomplète de la vision (par exemple) de l’objet. Je vois un objet ou je ne vois pas un objet (étape 2 du cheminement).


Si je décris cet objet en rapport avec le monde dont il se détache, j’utilise ma capacité de réflexion ternaire et réintroduit l’objet dans son environnement, je relativise. L’étape 3 : la symbolisation permet, dans l’espace transitionnel, à la personne de comprendre le sens des événements qu'elle vit, c’est le rôle du symbole.

Le symbole, est ternaire, il ouvre sur le social, sur le collectif qu'il introduit dans notre vie personnelle, mais en même temps, il nous coupe de notre corps, de notre chair, de la matière car il évoque l’esprit. Il manifeste de l'invisible dans du visible.


La seule description ne suffit pas.

Si alors, je me laisse aller à prendre conscience du ressenti que cela me procure, introduisant une quatrième donnée, je me place moi ainsi dans un ensemble plus vaste. Cet objet et le monde duquel il est issu sont en rapport avec moi qui le voit, avec une signification que je ressens, un impact qui m’est propre physiquement, mentalement et spirituellement, à cet instant précisément en ce lieu et face à cet objet.


L’objet dans la consultation est le thème de ce client qui a un chemin de vie et fait partie de l’humanité. L’œil est ma perception sensorielle (vision descriptive) des éléments du thème astral et mon corps est le réceptacle de l’intuition que le symbole déclenche en moi.

Le mouvement de mon intuition à l’humanité (corps-monde) est la relativité du symbole. Je comprends ce que me dit le client à travers mon expérience.

C’est cette mise à la conscience de cette relativité de la compréhension du symbole qui prend sens pour moi. Ce sens m’est particulier.


Mais ce mécanisme quaternaire n’a pas d’avenir, au sens où il n’adviendra rien tant que je ne pourrai pas faire cette réduction eidétique issue de l’épochè, cette soupe passée au mixeur de mes neurones et autres cellules qui, par le biais de l’alliance de mes deux hémisphères cérébraux me mettra en contact direct avec autre chose de moi plus intérieur d’une part et autre chose plus vaste d’autre part, figurés par les deux pôles de la dimension verticale de la sphère abellienne.


A ce moment, l'ensemble des informations présentes à ce stade de la consultation se cristallisent en une minuscule évidence de la place de cet instant dans le cosmos.

MAIS......

Je ne peux comprendre que pour moi, je ne peux comprendre l’autre. Mais parce qu’au moment de l’utilisation du symbole, je comprends pour moi et réintègre cette compréhension comme étant une infime partie du Grand Tout, cela ouvre la porte sur une autre dimension où le symbole perd son sens. Autre chose se passe, on n’est plus dans le symbole. D’une certaine manière, c’est le retour au chaos originel. On démarre du chaos et on retourne au chaos. Cela a du sens pour moi, pas de sens universel, mais en même temps cela prend sens pour l’autre. C’est de l’indicible, ce n’est plus de l’universel qui lui, peut être décrit.


Et c’est là que le miracle de la vraie communication peut s’accomplir, cette ligne directe entre mon moi profond et ce plus vaste me met en contact, au même instant, avec l’humanité au centre de la terre (au centre de la sphère, au centre du Zodiaque) et la vastitude infinie dans laquelle l’interdépendance est une évidence. Une nouvelle réalité, prémisse de combien d’autres.


C’est cette réintégration du singulier JE, dans le NOUS qui représente cette 4° étape et permet les suivantes..

C‘est la réintégration de mon corps dans le monde. Mon corps fait partie du monde et comme mon client fait aussi partie du monde, la connexion se fait là, même s’il fait partie du monde à sa manière et pas à la mienne. Je suis face à ma singularité et à celle de l’autre qui est totalement inaccessible.

C’est parce que je tiens à ma vérité en sachant qu’elle est singulière et que ce n’est que la mienne qu’une porte s’ouvre.

Quand j’entre en communion, l’autre y participe, à son insu évidemment, parce que si je fais le chemin vers l’humanité, l’autre faisant partie de l’humanité, la connexion se fait de fait.


Le symbole se remplit, prend corps, l’archétype se construit sous nos yeux. Les yeux du client s’allument, la connexion est établie. On peut commencer à discuter….


Attention !!! Pièges


Aucune image symbolique ne peut avoir de signification universelle et systématiquement fixée, ce qui donne au symbole toute sa force et sa faiblesse.

Il permet d’aller chercher chez l’autre à travers l’espace transitionnel, LA signification qui va lui ouvrir les portes de son inconscient qui, par définition est inconnaissable de l’Astrologue.

Il peut également, si l’Astrologue n’a pas pris la peine de connaître son propre inconscient afin d’en éliminer ce qui lui est personnel dans l’approche qu’il a de la problématique de son client, orienter son discours vers une interprétation imposée et erronée, au mieux inutile, au pire dangereuse.


Le symbole a une charge émotionnelle. Tant que je n'ai pas la capacité de constater que c’est MA manière de le vivre, je ne rencontre pas MON humanité singulière et je n’ai pas accès à L’HUMANITÉ . Je reste alors au niveau de l’archétype qui est le même pour tout le monde.

Si je rencontre cet endroit de singularité, de solitude principielle, à ce moment s’ouvre L’HUMANITÉ. Pas l’idée de l’humanité, le symbole de l’humanité, mais le corps de l’humanité.

Réintégrer le symbole, c’est arrêter de croire que j'ai raison, mais que cette vérité minuscule est, pour autant, la mienne, c’est ça qui ouvre la porte. Je suis alors un être humain dans la compassion sans aucun effort. Moi et l’autre sont deux cellules d’un même corps, c’est une perception.


Arrivé à ce stade, le symbole est inutile. Il renvoie à du mental (partie signifiée du symbole), or le mental coupe des sensations, du corporel. On ne peut entrer dans la communion si on est dans la coupure.

Le symbole est un marchepied, comme la fonction du père est un marchepied, pour le plus vaste. Mais si on reste accroché à notre propre place socialement repérable, ici et maintenant, on n’entre pas dans le plus vaste. Le symbole ouvre une porte, il reste à faire son propre chemin qui n’est jamais conforme. Il faut aller au-delà du symbole pour que sa puissance se manifeste.


Il ne faut évidemment pas utiliser l’Astrologie comme une superstition. Ce qui arrive si le symbole est dépouillé de sa charge émotionnelle, de son énergie donc, et passé au crible de l’intellect. Il permettra toujours l’explication, mais il perd sa force et sa puissance de résilience.

Il empêche l’implication absolue et totale que doit avoir l’Astrologue dans le vécu de ses propres symboles pour pouvoir insuffler au client l’énergie suffisante à la réalisation de l’impact.

Mais attention, si je ne suis pas en contact avec le symbole, ma vérité ne sera pas efficace. Si je reste coincée dans ce que je sais, je plante mes salades dans le jardin de mon client, j’ai raison, j’ai tout compris, j'assène.

Si l’Astrologue est habité par l’énergie des symboles, il devient le vecteur de leur force de transformation. Le client sait qu’il se trouve alors au seuil d’autre chose, voire, il ouvre parfois la porte durant la consultation.


Est-ce à dire que l’Astrologue, pour être d’une utilité quelconque à son client, doit avoir éprouvé tous les symboles que nous utilisons et être capable de les vivre dans son émotion tout au long de la consultation ?

Je dirai OUI.


Cela suppose donc des aptitudes particulières ou un long chemin à travers soi afin de vivre le symbole sans avoir la tentation d’appliquer au client ce qui sollicite l’Astrologue à l’intérieur. Il doit être capable d’emprunter le couloir étroit de l’espace transitionnel qui va de lui à l’autre, sans jamais dépasser les balises de sa mission : le questionnement de celui qui est venu le solliciter.

En attendant, la description méticuleuse de l’image symbolique dans le cadre très précis du contexte de vie du client est un moyen de lui faire apercevoir le halo lumineux du symbole numineux. Il restera au client à s’approprier ce qui lui a été dévoilé, montré, suggéré et de laisser le « charme » (au sens magique du terme) agir.


En ce sens le rôle de l’Astrologue s’apparente à celui du thérapeute. Il ne s’agit pas seulement d’interpréter les symboles, mais aussi d’amener le client à sa propre interprétation par le biais de questions dont la pertinence est issue d’un total détachement de son propre vécu pour coller exactement à la description du vécu que l’autre en face est en train de dérouler.

Le vécu de l’Astrologue tout autant est précieux dans la mesure où il permet, si tant est qu’il a accès aux sensations corporelles qui lui sont associées, cette connexion subliminale d’inconscient à inconscient à travers le ressenti corporel d’une histoire dont les points communs servent d’accroche en quelque sorte. Il connecte alors l’inconscient de l’autre et peut installer le symbole à sa juste place dans le paysage intérieur pour qu’il puisse, à partir de là, vivre sa vie de symbole et faire son office de gardien de la pensée.

Le gardien de la pensée est celui qui laisse à la pensée sa capacité de cheminement et d’évasion hors du cercle clos de l’inconscient pour réveiller la conscience du Vormeur (le Vivant dormeur) ou bien celui qui garde la pensée enfermée dans le monde étanche de l’inconnaissable pour protéger l’explorateur de la vie, hors de danger de connaissance insoutenable. Il peut aussi, déguiser cette pensée pour la faire émerger du monde des symboles, laissant ainsi au conscient la capacité de s’en emparer si les bases de la construction en cours sont assez solides.


Et là, le rôle de l’Astrologue se détache de celui du thérapeute, car c’est pour un conseil de vie qu’il est en général, consulté. Il va, à travers sa propre compréhension de la symbolique mise en place dans le carré magique : client/thème natal-univers-astrologue-intuition et à partir des traces laissées par son vécu dans sa chair, déterminer la signification de ce qui s’étale sous ses yeux et orienter le regard du client vers la ou les portes qui sont des issues possibles à l’étape actuelle.


Il restera à en trouver la clé qu’il faudra glisser dans la serrure.

Symbole phallique selon Freud….

Mais peut-être aussi pouvons-nous considérer la porte comme symbole d’espoir, la serrure désignera ce que l’Astrologue met à la disposition du client pour franchir le seuil de cette espérance et la clé que le client se sera appropriée lui donnera accès au monde magique de son intérieur depuis l’extérieur où il était cantonné.Il aura alors la liberté et le pouvoir d’entrer et sortir à son gré.

Tout Astrologue n'entretient pas de "relation particulière" avec son client, que diable …. !!!!!


Peut-être que Freud, dans son extraordinaire cheminement intellectuel n'a pas pu sortir de cet intellect. Le symbole ouvre sur une idée de l’humanité. Tant qu’il n’est pas incarné, vécu dans la chair (si effrayante pour Freud, semble-t-il), cela reste une idée. L’incarnation est le fait de l’amour, mais pas du sentiment amoureux. Il s’agit d’un amour non adressé dans lequel la libido devient énergie pure.


Pour conclure


Abellio reprend la pensée de Gilbert Durand qui reprend celle de Cassier et nous, nous labyrinthons dans les méandres de leurs circonvolutions cérébrales.

Cela nous permet-il de trouver notre propre construction symbolique et archétypale ? En tout cas, c’est au moins enrichissant au plan de la connaissance, de l’objectivation du ressenti et de l’intuition. J’espère que c’est ça le jeu, sinon j’ai joué pour pas grand-chose.


Lire Abellio, Husserl ou n’importe quel autre grand penseur, c’est comme enfoncer une porte ouverte. C’est pour moi une grande délectation que de pouvoir lire en mots choisis et bien agencés (si, si, ça arrive…), le décorticage des modes de fonctionnement que je connais de façon intuitive chez moi. Ce faisant, je fais marcher mon mental qui est aux anges.

Mais quand je dois faire cet exercice pour répondre à la nécessité de transmettre ce que j'ai appris et vécu ou à la demande de mon instructeur en Astrologie qui, par ailleurs érige en phare éclairant la nuit de notre errance, le ressenti et l’approche sensitive, pour ne pas dire sensuelle de la pratique de l’Astrologie, je me pose quelques questions….

Et puis bien vite je rentre dans une épochè salvatrice qui me permet de jouir du texte hyper intello que j’ai sous les yeux et ce faisant répondre à mon propos en effectuant une réduction transcendantale.

Le but sera-t-il atteint, et d’abord, quel est le but ? Le savoir, la connaissance ou juste le plaisir d’une dissection phénoménologique. Je vais continuer à lire, puisque celui qui m'aabreuvé de sa connaissance (Christian Duchaussoy, pour ne pas le nommer), crie haut et fort qu’il ne lit plus car cela ne sert à rien….. Mais je sais qu’il a beaucoup lu pour pouvoir dire ça…..


Ne plus lire ?

Tous ces penseurs sont des hommes qui ont refoulé leur Lune et leur Vénus, à quelques exceptions près.

Bachelard qui s’offusque de la féminisation de la pensée et du risque inconsidéré que prend celui qui veut faire collaborer cerveaux gauche et droit.

Freud qui considère le besoin de se blottir en sécurité « au sein » de maman comme un désir d’inceste. Il n’a bien-sûr pas rencontré ni pris en compte ce même besoin chez la femme qui ne s’exprime pas par l’acte sexuel, mais par un besoin de sensualité jute corporelle qui en dit long sur la nécessité de « retourner se perdre » dans la chair.

Même Durand qui parle de l’anima et de l’animus comme des images édulcorées du féminin et du masculin, faisant l’impasse sur la vivacité, la force et l’énergie contenue dans cette part antinomique de nous-même.

Sans cette prise en considération du féminin au sens noble du terme et donc jusqu’à la venue dans le paysage philosophique du genre "sexe faible", peut-être restera–t-on loin de l’emménagement réel dans la fonction symbolique à l’intérieur de soi qui ne peut mener qu’à une digression mentale tant qu’il n’est pas réellement question de l’inscription dans la chair.

En ce sens la méthode abellienne de décortication des concepts pour accéder à cette pensée quaternaire, si elle m’apparait, à l’évidence, comme une élucubration proprement masculine, n’en est pas moins nécessaire. Car cet « emménagement » dans la chair ne peut se faire automatiquement parce qu’on est, il faudra en passer par comprendre, dans notre société qui érige la logique au rang de Grande Déesse..

On est homme dans un monde coupé de son énergie émotionnelle comme le souligne Jung ou femme dans un monde où encore aujourd’hui, les penseurs et les instructeurs sont majoritairement des hommes. 

Ce qui va de soi pour une femme n’est pas évident pour un homme en terme de ressenti corporel. Ce qui va de soi pour une femme, est dès l’entrée à l’école, voire dès l’arrivée dans la famille, refoulé au rang de loufoquerie infantile.

Il ne nous reste plus qu’à nous rebeller, nous soumettre ou nous dépersonnifier. Il faudra revenir à l’essentiel, au primordial de l’évidence initiale, celle des premiers jours de la vie, des premiers émois corporels siégeant dans nos souvenirs comme des ilots de fantasmagorie con-descendus, mais encore guidées par la pensée des mâles……..


Nouvelles génération, au travail !!!!

L’individuation est une vraie nécessité. Sinon, il restera l’intuition incontrôlée, l’invisible diluant, symbole qui ne demande qu’à être rempli de tout ce qu’on veut bien y mettre pour tenter de reprendre le contrôle de sa vie dans une belle illusion artistique et poétique comme le dit Abellio.




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